Située au cœur d’Épernay, la Maison Belle Époque, fief de Perrier-Jouët, incarne à la perfection l’alliance entre l’art, la nature et le savoir-faire champenois. Fondée en 1811 par Pierre-Nicolas Perrier et Rose-Adélaïde Jouët, cette Maison de champagne est bien plus qu’un simple producteur : c’est un symbole d’élégance et de raffinement, imprégné d’une histoire riche et d’un engagement constant pour l’excellence.
Nous avons eu la chance chez Luxurytail de visiter ce lieu d'exception et vous convions au fil de notre visite.
Une histoire d’amour et de passion
Candice, la maître d'hôtel, nous a fait l'honneur de nous recevoir afin de nous conter la magnifique histoire de la Maison Perrier-Jouët Belle Époque. C'est dans le Salon de la Maison que nous débutons notre visite, une pièce riche en art et en histoire...
Le champagne Perrier-Jouët débute par une romance entre Pierre-Nicolas Perrier et Rose-Adélaïde Jouët. Pierre-Nicolas, un botaniste réputé, et Rose-Adélaïde, une femme cultivée et passionnée de champagne, décident d’unir leurs talents et leur amour pour fonder une Maison de champagne à leur image. Le choix de leur nom, Perrier-Jouët, célèbre non seulement leur union, mais également leur ambition de produire des champagnes d’une grande finesse.
Pierre-Nicolas apporte son expertise scientifique et son attachement à la nature, tandis que Rose-Adélaïde insuffle sa sensibilité et son raffinement. Ensemble, ils imaginent des cuvées où la fraîcheur et la floralité prédominent, un style qui deviendra la signature emblématique de la Maison.
Au-delà de leur amour pour le champagne, le couple est passionné d'art.
Un art que l'on côtoie tout au long de la visite à travers des œuvres conservées au sein de la Maison, et une tradition perpétuée par les générations suivantes, et notamment par ses neveux, Henri et Octave . On trouve en effet au sein de la Maison Belle Époque, la plus grande collection privée française d'art nouveau en Europe.
Dans le salon se trouve une collection de fauteuils de l'artiste Louis Majorelle, appelée par Candice "Collection Fougères". Une collection de 1899 qui a reçu le meilleur prix à l'Exposition Universelle de Paris en 1900.
La maison Belle Époque ne se veut pas être un musée, c'est un lieu ou toutes les oeuvres sont accessibles, palpables, pour une fois, on ne touche pas qu'avec les yeux, mais bien avec les mains.
Sur le mur trône une céramique émaillée originale signée Henri de Toulouse-Lautrec. Cet artiste, habitué du Moulin Rouge dans les années 1890, a immortalisé en céramique les chanteuses emblématiques de ce lieu de fête. Dans la pièce, on découvre une représentation de la célèbre chanteuse française Yvette Guilbert, accompagnée de sa signature, que l'artiste lui avait personnellement demandée.
Quel honneur pour elle de pouvoir signer une œuvre de Lautrec, qui à l'époque était un artiste influent.
Elle va signer son nom, Yvette Guilbert, mais elle va prendre la liberté d'écrire un message au dessus :
" Petit monstre, mais vous avez fait une horreur."
Elle n'était pas tout à fait satisfaite de son profil, mais elle savait que Lautrec réalisait des caricatures des femmes. C'est assurément l'une de ses meilleures caricatures d'Yvette Guilbert.
" Sachez qu'il en a réalisé 12. Et aujourd'hui, en France, seulement trois sont localisées, une ici, au sein de la maison, une au Musée d'Orsay à Paris et une au Musée Lautrec à Paris. Nous ignorons où sont les autres œuvres de la collection" précise Candice.
Une Maison tournée vers la nature et l’innovation.
En poursuivant notre visite, nous apprenons que dès ses débuts, Perrier-Jouët se distingue par son approche novatrice. Pierre-Nicolas et Rose-Adélaïde achètent des hectares de vignes dans des terroirs d’exception de la Côte des Blancs, notamment à Cramant, un village aujourd’hui reconnu comme un grand cru. Ce choix visionnaire repose sur une compréhension intime des sols et du climat, grâce à l’expertise botanique de Pierre-Nicolas.
Le couple transmet leur passion à leur fils, Charles Perrier, qui devient l’architecte du rayonnement de la Maison. Charles hérite de l’amour pour la nature et la botanique de son père et l’intègre à sa vision viticole.
Il fait de Perrier-Jouët une maison dédiée au chardonnay, le cépage le plus élégant et floral de la région champenoise.
Cette décision reflète non seulement l’attachement de la Maison à la nature, mais également une volonté de répondre aux goûts raffinés de l’époque, notamment celui des Anglais, qui privilégiaient des champagnes moins sucrés et plus frais.
Charles Perrier ne se contente pas de perpétuer l’héritage familial ; il le sublime.
En tant que viticulteur visionnaire, il investit dans des terres aujourd’hui légendaires, comme Avize, Mesnil-sur-Oger et Vertus, et développe des pratiques agricoles innovantes pour l’époque. Il écrit plusieurs ouvrages sur la viticulture et crée une méthode de taille spécifique, la taille « Picot », pour optimiser la résistance des vignes.
Mais Charles ne se limite pas à la viticulture. Il construit le Château Perrier, aujourd’hui transformé en musée de l’archéologie champenoise, et aménage des serres dans les jardins de la Maison Belle Époque et du château. Ces serres, où il cultive des plantes exotiques comme des orchidées et des palmiers, deviennent célèbres dans toute la France et attirent des visiteurs fascinés par cette démonstration de biodiversité en plein cœur de la Champagne. Aujourd'hui, les caves Perrier-Jouët Belle Epoque comptent pas moins de 10 km de galeries, sous la maison Belle Epoque.
Charles Perrier n’ayant pas d’enfants, sa Maison est transmise à ses neveux, Henri et Octave Gallice, dans les années 1880. Ces derniers perpétuent les valeurs familiales tout en imprimant leur propre vision. Henri se concentre sur la viticulture, tandis qu’Octave, un amoureux des arts, s’immerge dans la vie parisienne et dans le mouvement artistique Art nouveau, c'est lui qui apportera une empreinte artistique aussi importante à l'histoire et à l'ADN de la Maison. .
L’art nouveau au cœur de l’identité de Perrier-Jouët
L’attachement de la Maison Perrier-Jouët à l’art trouve son apogée avec Octave Perrier, neveu de Charles Perrier et grand amateur de l’Art nouveau. Dans les années 1900, il collabore avec Émile Gallé, artiste et verrier de renom, pour créer un magnum orné de l’anémone du Japon, une fleur qui devient l’emblème de la maison. Cette œuvre lie à jamais Perrier-Jouët à ce mouvement artistique, caractérisé par ses formes organiques et son inspiration puisée dans la nature.
Aujourd’hui, la Maison Belle Époque abrite l’une des plus grandes collections privées d’Art nouveau en Europe, incluant des pièces signées Gallé, Majorelle et même un original d’Auguste Rodin. Ces trésors témoignent de l’engagement de la Maison à célébrer la beauté et l’artisanat.
Une référence mondiale dans le champagne
Perrier-Jouët se distingue également par son savoir-faire viticole, son engagement envers la durabilité et sa capacité à répondre aux goûts les plus raffinés. Depuis ses débuts, la Maison a su séduire les amateurs de champagne du monde entier, historiquement notamment en Angleterre, où son style unique, marqué par la fraîcheur et la tension, a conquis les palais les plus exigeants.
En 1902,
Henri et Octave Perrier rencontrent Émile Gallé, une relation qui aurait débuté lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1900, selon les recherches des archivistes de la Maison. En 1902, les deux frères sollicitent l’artiste pour créer une œuvre emblématique sur une magnum de leur champagne.
Inspiré par la dégustation des champagnes Perrier-Jouët, Gallé, captivé par leur floralité unique, décide de peindre une fleur : l’anémone du Japon. Ce choix, loin d’être anodin, symbolise l’élégance et la singularité de la maison.
Réalisées en 1902, ces œuvres sont conservées dans les caves de la maison pendant 60 ans avant d’être redécouvertes en 1964. Cette redécouverte marque un tournant, car l’anémone japonaise devient dès lors le symbole iconique de Perrier-Jouët, incarnant l’alliance entre la Maison et l’art nouveau. C’est ainsi qu’Émile Gallé, en travaillant avec les deux frères, a scellé, par son talent, le lien indélébile entre la Maison Perrier-Jouët et cette esthétique florale intemporelle.
Perrier-Jouët Belle Époque
Un héritage vivant
Aujourd’hui encore, la Maison Belle Époque reste un sanctuaire de créativité et de tradition. Chaque cuvée de Perrier-Jouët, notamment la célèbre Belle Époque Blanc de Blancs, qui passe minimum 7 ans en cave, incarne l’histoire et les valeurs de cette maison emblématique : une recherche inlassable de l’excellence, une passion pour la nature et une dévotion pour l’art sous toutes ses formes. Visiter la Maison Belle Époque, c’est s'immerger dans un univers où l’art, le vin et la nature se rencontrent pour créer une expérience inoubliable, à l’image des champagnes Perrier-Jouët.
Aujourd'hui, Séverine Frerson, la huitième Chef de caves, et la première femme à occuper ce poste de l’histoire de la Maison, s'applique dans les caves à perpétrer le savoir faire de la Maison Perrier-Jouët et à produire des cuvées toujours emblématiques, à la hauteur du nom de la maison et de la cuvée Belle Époque.
La Maison Perrier-Jouët incarne bien plus qu’un savoir-faire champenois exceptionnel :
Elle est le reflet d’une histoire d’amour, de passion pour la nature et d’engagement artistique. Depuis ses fondateurs visionnaires jusqu’à ses collaborations emblématiques avec l’Art nouveau, chaque détail témoigne d’une quête d’excellence et d’élégance.
Aujourd’hui, à travers ses cuvées emblématiques comme la Belle Époque, la Maison perpétue un héritage unique où chaque champagne raconte une histoire de terroir, de créativité et de raffinement...
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15 janvier 2025
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