Les Talks du Luxe et du Retail
Invité : Lauranie Nonotte et Dawn Louise Foley - LVMH Möet Hennessy
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Sabine - Luxurytail
Bonjour, et bien c’est parti, ça commence fort. Bienvenue dans les Talks du Luxe et du Retail, aujourd’hui c’est le troisième épisode et on a deux invités de prestige. Natacha n'est pas là aujourd'hui, mais pour le coup, nous avons Dawn Foley qui est Retail Education Training Manager chez Moët Hennessy, ainsi que Lauranie Nonotte qui est responsable de la formation Retail International chez Moët Hennessy.
Bonjour mesdames, est-ce que vous voulez vous présenter, nous raconter rapidement votre parcours et la particularité de vos métiers ?
Lauranie Nonotte
Donc oui, moi je suis en charge de la stratégie de formation internationale pour le Travel Retail chez Moët Hennessy. Donc il s'agit de définir les programmes qui vont être utiles à nos régions, à nos équipes en boutique d'aéroport, bateau de croisière, compagnie aérienne, etc. C’est vraiment définir la stratégie globale de formation qui sera ensuite déployée, adaptée par les régions pour leurs études sur le terrain.
Dawn Louise Foley
Donc moi, je m'occupe de l'Europe auquel je déploie les stratégies que Lauranie met en place, mais j'ai aussi le rôle de former les gens. Je passe beaucoup beaucoup de temps sur le terrain avec forcément un gros focus quand même à Paris, qui est notre vitrine de l'Art de vivre français.
Sabine - Luxurytail
Très bien, merci. Donc toi qui es sur le terrain, Dawn.
La particularité de ton métier, c'est qu’en fait, ce n'est pas vous qui recrutez directement les équipes, mais c'est vous qui les formez. Est-ce que tu peux nous expliquer comment ça se passe ? Comment les équipes adhèrent justement aux programmes de formation que vous mettez en place ?
Dawn Louise Foley
C'est vrai que c'est un gros travail. Donc en fait, nous on a quand même un mot à dire sur les profils qui nous sont présentés. On n'a pas forcément le choix sur les entretiens, mais on nous a présenté des profils. Et après en fait, à nous justement de donner envie d'aller plus loin dans la partie formation. Donc nous, notre présence, on a des superviseurs qui sont sur place, avec qui je travaille vraiment côte à côte. Et puis de temps en temps, c'est moi qui passe pour donner justement des formations à l'auteur de Moët Hennessy, avec le testing, les visites Maisons aussi. Ça, c'est les genres de choses auxquelles on arrive vraiment à accrocher justement notre staff pour donner envie de continuer.
On a aussi MH Academy, qui est notre plateforme de formation auxquelles tout le monde a accès, avec des masters, des quiz, des choses comme ça pour les soutenir tous les jours.
Sabine - Luxurytail
Donc ce que j'entends, c'est que pour engager en fait les équipes, vous les embarquez à Reims, en Champagne, en immersion totale pour qu'ils puissent en parler mieux aux clients finalement.
Dawn Louise Foley
Ça commence toujours avec, souvent en tout cas avec moi, avec un superviseur au début pour la partie onboarding. On laisse un peu le temps de comprendre en boutique, surtout à l'aéroport comment ça se passe. On a 27 Maisons chez Moët Hennessy, donc, ça prend un peu de temps pour les assimiler toutes. Après moi, je vais arriver à peu près dans les premiers trois mois. Et là pour le coup, on va commencer vraiment à rentrer dans le détail de chaque Maison en fonction de la période de l'année. Par exemple, fin d'année, ça va être, je ne sais pas, le Champagne. Début d'année avec “Chinese New Year”, on va faire un focus sur Hennessy. Et là pour le coup, avec le testing. Et après cette partie-là, même si j'estime être très forte dans ce que je fais, je ne suis pas non plus la Maison.
Il n'y a rien de mieux que de rentrer dans la Maison, visiter la Maison pour vraiment comprendre l'ADN et l'histoire, l'héritage de chacune de nos Maisons.
Sabine - Luxurytail
Et justement, avec Lauranie, il y a deux semaines, on était à une conférence sur l'Hospitality. On voit que les marques de Luxe réinventent à travers des expériences. On n'est plus dans la possession de l'objet, on est vraiment dans l'expérience. Et là, j'ai en tête comme exemple tout ce qui est "Sun Beach," avec Jacquemus et Louis Vuitton à Saint-Tropez, Chanel à Mykonos, Lacoste à Ibiza. {Lire ici notre articles sur les marques de Luxe et les beach clubs}
Et la semaine dernière, on est allé visiter le pop-up Veuve-Clicquot au Printemps, vous avez également Moët qui fait un pop-up restaurant en collaboration avec Yannick Alléno.
Quel a été l'impact de ces activations que vous réalisez par rapport à ce thème de l'Hospitality où vous proposez une expérience client différenciante ou sur un rooftop ou dans un restaurant ?
Dawn Louise Foley
Juste parce que comme vous dites, "Moët Hennessy in Paris", justement nous, les deux superviseurs de l'Europe, on les a invités et on a passé la soirée là-bas pour donner cette envie-là d'aller plus loin dans l'histoire et puis dans le côté expérience. Moët Hennessy, Crafting Experience, c'est notre savoir-faire et c'est ce qu'on veut justement faire vivre à tous nos superviseurs.
Lauranie Nonotte
Effectivement, ce type d'activations qui viennent de la marque et qui sont mises en place sur les marchés domestiques, sur ce qu'on appelle le "on-trade", nous on va s'en inspirer, on va essayer de l'appliquer dans un contexte qui est le nôtre avec des contraintes qui peuvent être en boutique d'aéroport, on ne fait pas ce qu'on veut en termes de dégustation, on n'a pas forcément des frigos par dizaines. Il faut un petit peu adapter, il faut trouver des façons de faire déguster qui soient confortables, qui fonctionnent dans un environnement retail et puis on a aussi des déclinaisons qui peuvent se faire.
Justement, j'en parlais, on a différents canaux : on a des boutiques, on a des lounges d'aéroport, donc là on peut un peu plus prendre le temps, on a des bateaux de croisière où là on peut avoir des dégustations qui se font peut-être de manière plus transversale, plus horizontale, où on va déguster plusieurs produits d'une même gamme ou d'une même marque et là on peut reproduire d'une certaine façon ce qui va se vivre sur les marchés domestiques.
Mais c'est vrai que c'est beaucoup d'adaptation en fait, on va s'inspirer de ce que la marque nous transmet et a conçu comme programme pour ensuite l'adapter et ça c'est notre équipe activation en global et puis les équipes aussi des régions qui vont le décliner pour que ça fonctionne dans un environnement retail. Mais le fond du sujet, c'est exactement ce qu'on évoquait juste avant, c'est comment on arrive à créer des expériences.
Il ne s'agit pas juste de mettre en avant le produit, ça évidemment, mais ce qu'on veut c'est réussir à retenir le client, réussir à le faire venir sur nos espaces, nos boutiques, nos pop-up avec quelque chose qui soit "Eye-catching", qui le retienne alors qu'il est pressé, qui le retienne alors qu'il y a tout un tas d'autres marques qui ont aussi des activations sympas.
Et donc le fond du sujet, c'est vraiment ça, c'est comment on arrive à lui faire vivre une expérience qui soit mémorable, unique et aussi propriétaire, qui ressemble à nos marques. Et pour ça, on a de la chance parce qu'on a une très bonne marque avec des identités très fortes.
Sabine - Luxurytail
Et justement, quand on préparait ensemble notre podcast, tu évoquais le fait que les expériences aujourd'hui recherchées sont le testing, la personnalisation, tout ce qui est retailtainment.
Est-ce que vous avez des exemples concrets, précis, justement d'expériences que vous avez fait vivre à vos clients et que vous voudriez bien nous partager ?
Lauranie Nonotte
Je pense sur la dégustation notamment. Je pense à ce qu'on fait beaucoup en Asie. Je crois qu'on est en train de déployer sur l'Europe. On a développé, je dis "on", encore une fois moi, je n'y suis pour rien, je n'étais pas là quand ça a été fait.
Encore une fois, l'équipe Travel Retail Marketing avait développé une expérience de dégustation sous forme moléculaire. Il s'agit de petites billes de cocktails qui sont encapsulées dans une bille, une espèce de membrane comestible. Et donc, on sert le cocktail sur nos boutiques en Travel Retail sous cette forme, dans une cuillère de service spéciale. On a vraiment un rituel de service qui a été développé et qui permet aux clients de déguster le cocktail ou le cognac, là en l'occurrence, c'était Hennessy, de manière ludique, originale et avec des contraintes qui sont quand même limitées. Puisqu'on peut mettre ça dans les petits locaux. Donc, c'est assez simple à mettre en place.
Dawn Louise Foley
On l'a fait en 2019 et on le refait là. Ça va arriver là en septembre à l'aéroport de Paris.
Sabine - Luxurytail
C'est-à-dire pour tous les passagers des aéroports, - passagers locaux, internationaux - vous allez leur faire vivre, au lieu de faire une dégustation dans un verre classique, on est vraiment sur un cocktail moléculaire.
Dawn Louise Foley
Par contre, je ne suis pas sûre de la date, mais je sais que ça arrive à Paris !
Sabine - Luxurytail
Et justement, ce genre d'événement un peu surprenant qui provoque le "Wow effect“, est-ce que ça a un effet sur les ventes, sans rentrer dans le détail, mais est-ce que c'est un déclencheur de vente ?
Dawn Louise Foley
Oui, bien sûr. Après, encore aujourd'hui, nous avons vraiment en tête de se dire, certes, forcément nos Sales Ambassadeurs nous voulons qu'ils fassent des ventes. Mais l'idée aujourd'hui, c'est pousser, vraiment, ce côté expérience. C'est-à-dire, aujourd'hui, penser long terme. C'est-à-dire, si le client n'achète pas aujourd'hui, ils vont partir en disant, j'ai vécu un truc extraordinaire, et même s'il ne le fait pas à Paris, ou à Istanbul, ou à Munich, il le fera peut-être à Dubaï, ou à Miami. Donc, c'est de penser long terme.
Le message aujourd'hui est super important. Donc, oui, certes, on veut vendre, bien sûr, nos produits, mais c'est vrai qu'on fait un vrai focus aujourd'hui sur l'expérience client qu'on puisse offrir dans chacun de nos espaces.
Sabine - Luxurytail
C'est vraiment de l'Art de vivre, de l'Art du testing.
Et pour enchaîner, en fait, sur ce que tu disais, nous, en ce moment, on forme beaucoup les conseillers de vente de la Samaritaine, et vous avez beaucoup de pop-up au sein de la Samaritaine. Et moi, j'ai donc vu un des conseillers spécialisés en Wine et Spirits qui nous montrait, en fait, cette personnalisation que tu peux faire en plusieurs langues. Et en fait, au-delà de l'achat du cognac, ce qui a plu à une clientèle chinoise, ça a été le fait de pouvoir avoir cette personnalisation écrite en mandarin. Et là, c'est ça qui a fait toute la différence d'avoir acheté quelque chose à Paris, dans un grand magasin mythique, et le fait qu'il y avait le nom, donc, des deux parents et des deux enfants en mandarin, ça a fait toute la différence. On n'était pas là pour vendre quelque chose à boire, mais on a été là dans une expérience du début jusqu'à la fin, avec cette personnalisation, jusque dans les caractères en mandarin. Et ça, c'est vraiment quelque chose qui a vraiment plu aux clients.
Dawn Louise Foley
Cette personnalisation s'appelle Hennessy Hand, et c'est vrai que c'est une calligraphie personnalisée Hennessy,
ce qu'on met sur les barriques. Donc, c'est toute cette partie-là qu'on peut après présenter aux clients et qui part avec une histoire aussi, un petit secret, une anecdote de la Maison, qu'on n'aura pas juste avec une simple personnalisation. C'est comme Veuve-Clicquot, les "arrows", auxquels on peut personnaliser soit la jaquette, ou avec un message qu'on veut, ou sinon les "arrows qui nous donnent la distance d'une ville choisie de la Maison-mère de Reims. Toutes ces choses-là, auxquelles on peut raconter justement des histoires avec. Et c'est ça qui est super important aujourd'hui.
Sabine - Luxurytail
C'est vrai que la force de vos Maisons, c'est d'avoir un merchandising, un ADN, des codes couleurs tellement voyants, mais dans le bon sens du terme. Nous, ce pop-up qu'on a vu au Printemps, sur le rooftop et le pop-up au rez-de-chaussée, c'est vrai que c'est bien indiqué, c'est incroyable, et ça donne envie. On est vraiment embarqué dans l'histoire de la marque.
Et on évoquait ensemble également les testings qui sont proposés. On a évoqué les testings, tout ce qui est personnalisation, retailtainment.
Au niveau des actions, des activations que vous avez pu faire en aéroport, quelles sont les contraintes que vous avez par rapport à vos collaborateurs ? Comment est-ce que vous arrivez vraiment à les former pour qu'ils expliquent bien le vocabulaire ?
On a travaillé ensemble, Dawn, déjà sur l'attitude, les codes du Luxe. Mais comment faire pour embarquer justement vos équipes ? On a évoqué le onboarding, mais pour qu'ils incarnent les marques, que vous représentez.
Lauranie Nonotte
Je rebondis sur ce que tu disais sur la personnalisation, le fait de pouvoir utiliser une calligraphie chinoise sur des champagnes français, par exemple.
Et je pense qu'on a un vrai enjeu de rassembler les cultures, de faire venir, puisqu'on essaie de faire venir nos équipes internationales dans les Maisons, comme tu l'évoquais.
On avait une équipe d'Istanbul en Champagne la semaine dernière, notamment. Mais voilà, par exemple, nos équipes qui sont à Singapour en ce moment, qui sont à Shanghai, qui sont à Macao, on ne peut pas les faire venir en ce moment de manière aussi facile et fréquente.
Donc, la question, c'est comment on arrive à amener la culture de nos Maisons à eux. Et on a un vrai sujet de formation là-dessus, à la fois sur la façon pratique de faire les choses, c'est-à-dire comment on arrive à communiquer avec ces équipes qui ne sont pas forcément nos équipes, puisque ce n'est pas du personnel interne. Donc, quels sont les moyens qu'on arrive à mettre en place et à utiliser ? On a des plateformes de e-learning, on essaie de les réunir sur des événements réguliers où on arrive à leur faire faire des dégustations, à faire venir des personnes de la Maison aussi sur des événements Zoom, etc. et rendre ça le plus collaboratif, le plus interactif possible. Et après, en termes de fonds, de sujets de fonds de training, on a un vrai sujet qui est la culture. J'ai un collègue, un ancien collègue qui est chez Samsung aujourd'hui. Il m'a raconté que la première semaine qu'il a passé chez Samsung, il a eu une matinée consacrée à la culture coréenne. Il m'a dit que ça a tout changé : "Si je n'avais pas eu ça, je serais perdue dans cette boîte." Eh bien, nous, on se dit que la culture française, la culture de la gastronomie, de la dégustation, le rapport que l'on a notamment au champagne, on a presque tous un grand-père qui nous a fait déguster du champagne quand on était enfant. Toi, tu n'es pas française.
Dawn Louise Foley
Moi, c'était de la bière.
Lauranie Nonotte
Eh bien, voilà. C'est un très bon exemple. Pour le coup, on est quand même très acculturés. Mais je trouve que c'est un super exemple de se dire qu'en fait, nous, on part du principe que c'est une évidence, c'est un peu dans nos gènes. Mais en fait, ce n'est pas le cas de tout le monde, partout dans le monde. Et ça, c'est notre vrai challenge, je dirais, de sujets de fonds en termes de training sur cette année et puis les années à venir. Évidemment, on va essayer d'aller encore plus loin et donc, les faire s'approprier tous ces éléments culturels pour que ça devienne plus naturel d'en parler, de raconter l'histoire.
Dawn Louise Foley
Et puis, c'est surtout après, comme tu l’as dit, Sabine, c'est le suivi qui est super important. On les reçoit souvent au bureau où on peut faire plein de choses incroyables. Mais c'est le suivi qui est vraiment important parce qu'on sait très bien qu'en formation de trois heures, qu'est-ce qu'ils vont retenir dans ces trois heures? C'est le suivi qui est nécessaire. Après, le coaching sur place et en boutique. Moi, forcément, j'ai de la chance de pouvoir aller souvent à Paris. Les autres endroits, pas autant que je ne voudrais, mais on a, pour le coup, les superviseurs qui sont là justement pour cette partie-là, de vérifier les informations qui sont passées parce que c'est pareil, on rentre un peu dans un schéma de peut-être répéter la même chose. Et chaque culture n'a pas la même question.
Sabine - Luxurytail
Et puis, également aussi, je me rends compte, quand on est dans une Maison, on ne se rend plus compte, en fait, de la chance dans la Maison dans laquelle on est, de son histoire, de son héritage. On ressort d'une formation super boostée. Et après, on retourne dans son train-train, dans son quotidien. Et ce qui nous a émerveillés en formation de la petite anecdote, le petit tips, la petite histoire en plus, après, il faut à chaque fois se renouveler en permanence, être sur le terrain.
Je pense que c'est ça qui fait la différence. Et l'exemple justement de ton ami qui a travaillé dans une maison coréenne, en fait, c'est ça. Nous, c'est dans notre ADN, on a les Maisons de Luxe, on est nés avec. Mais en vrai, ce qui est évident pour nous ne l'est pas pour les autres. Et ça, voilà, de rappeler en permanence le champagne, son histoire, les anecdotes, que ce sont des Maisons qui datent du 16e, du 17e siècle, ça, c'est quand même assez extraordinaire. Et c'est par la transmission de la formation, en effet, que ça va passer.
Dans un monde idéal, finalement, ce serait quoi l'hospitality de demain pour tout ce qui est vin et spiritueux ? Comment on pourrait finalement imaginer avoir un hôtel, peut-être, ou bien un bateau, on parlait des croisières, peut-être un bateau siglé Veuve Clicquot qui nous embarquerait dans une croisière ? Je réfléchissais à ça, mais ça serait quoi l'expérience de demain, justement, en termes d'hospitality, d'expérience client exclusive, différenciante, qu'on pourrait imaginer ?
Dawn Louise Foley
Je pense qu'ils l'imaginent déjà. C'est l'Orient Express, Veuve Clicquot pour les 250 ans de l'année dernière. C'est vrai qu'après, je ne suis pas très retail, en tout cas, pour les idées créatives il y en a qui en ont, mais je pense que on peut brander un aéroport. Oui, mais comme tu as dit, j'ai vu ce que tu avais mis sur LinkedIn, sur Ami.
Sabine - Luxurytail
Oui, Ami Paris.
Dawn Louise Foley
Voilà, Ami Paris, c'était aux Galeries Lafayette. C'est vrai que toutes ces choses comme ça, limite, j'ai envie de dire, il n'y a pas de limite aujourd'hui de ce qu'on peut faire. Je ne me rappelle pas, quelqu'un avait fait un avion.
Sabine - Luxurytail
C'est Coach, il me semble.
Dawn Louise Foley
Coach, tu as raison, Coach avait fait un avion. Et ça pour le coup, je trouve ça incroyable de faire ça dans un aéroport. Donc oui, je pense que c'est illimité aujourd'hui, ce qu'on pourrait éventuellement faire.
Nous, la contrainte pour nous, forcément, c'est de l'alcool.
Il faut du "Responsable drinking". Et surtout, la rareté de nos créations fait que, oui, on aimerait bien pouvoir découvrir, ou faire découvrir à tout le monde le champagne Moët & Chandon, Veuve Clicquot, Dom Pérignon, Krug, Armand de Brugnac et Ruinart.
Mais la rareté, justement, de nos produits, la rareté de nos créations aujourd'hui, fait que c'est ça aussi qui est un peu en jeu. Donc à nous de trouver les manières de le faire, sans forcément ouvrir tous les 10 minutes, même si je serai plus que d'accord, des bouteilles de Champagne, je ne vais pas nommer les autres maisons.
Lauranie Nonotte
Tu ne peux pas ? Allez, challenge !
Mais justement, ce que tu dis est hyper important, puisqu'on a une rareté du produit, l'hospitalité, l'expérientiel, va jouer un rôle relais. C'est-à-dire qu'au-delà de faire déguster, évidemment, des produits qui sont tous magnifiques, exceptionnels, c'est le fait de créer des expériences, de recréer l'environnement d'une maison, de pouvoir faire entrer les clients dans ce qu'est le monde de Veuve Clicquot, le monde de Glenmorangie, et de leur faire vivre d'une certaine façon, toucher du doigt ce qu'est la vie dans une distillerie, quelles sont les odeurs que l'on peut ressentir quand on est dans un chêne vieillissement de cognac, le ressenti quand on passe la main dans des feuilles de vignes.
Voilà, je pense que c'est plutôt vers ça qu'on va aller. Et on peut le créer de manière tangible et aussi virtuelle. On se sert aussi de plus en plus de l'IA pour créer des expériences à distance, on peut même recréer des mondes peut-être un peu imaginaires, on peut imaginer la vigne du futur, je ne sais pas à quoi elle ressemblerait, mais voilà, quel serait le parcours dans une vigne dans, je n'en sais rien, 50 ans, 70 ans, peut-être que la vendange se fera au mois de juin, je ne sais pas. Voilà, ça aura complètement changé.
Mais donc voilà, l'expérientiel va vraiment prendre le relais de purement la dégustation des produits, je pense.
Sabine - Luxurytail
Et ce que tu dis, ça m'évoque en fait Starbuck avec la Réserve R Starbuck, où ce sont des flagships dédiés à l'univers du café, de la dru, de la récolte. Il y a toute une installation, tout un merchandising où on plonge vraiment le client dans l'univers du café d'une manière différente. Et je trouve que c'est assez fort ce qu'ils ont fait. Je ne crois pas qu'il y en ait en France, mais à Chicago, là où c'est encore plus fort, c'est de le faire en Chine, où la culture du thé est présente. Et en Italie, où on est vraiment sur des micros-café. Et tu vois, de plonger dans ces univers, en effet, je trouve que ce sont des expériences un peu différentes.
Pour conclure, quel est votre mantra à chacune quand vous vous levez le matin ou qu'il y a quelque chose, vous êtes un peu comme ça, pas en forme ? Est-ce que vous avez un mantra qui vous motive, qui motive vos équipes ? Qu'est-ce qui fait que vous êtes de bonne humeur et énergique le matin ou le soir ?
Dawn Louise Foley
Là, aujourd'hui, c'est les vacances. Non, ce n'est pas vrai. D'ailleurs, voilà, moi, j'ai déjà eu mon mantra. Après, trouver la bonne humeur, franchement, ça, ce n'est pas dur, vraiment. Je pense qu'on a vraiment la chance de travailler où l’on travaille, surtout avec les créations et les Maisons qu'on a. Mais c'est vrai qu'au niveau de formation, moi, je dis toujours, je préfère les former et les perdre que de ne pas former et de les garder. Pour moi, ça ne se traduit pas super bien en français.
Lauranie Nonotte
Et en anglais, tu dirais comment ?
Dawn Louise Foley
"I’d rather train them and loose them than not train them and keep them".
Et c'est vrai que pour moi, l'éducation est clé dans tout ce qu'on fait aujourd'hui. Je pense que toute société, toute entreprise comprend aujourd'hui l'importance de l'éducation. Mais en plus, on voit qu'aujourd'hui, c'est clé. Que ce soit justement sur les connaissances de MaisonS, d'élaboration, de champagne, de cognac, de whisky, aussi le savoir-être en boutique. Mais l'éducation est clé pour moi aujourd'hui.
Lauranie Nonotte
Et moi, à titre professionnel et personnel, j'ai une vraie conviction qui est en anglais que
« Education is power ». Je pense que l'éducation et la connaissance, c'est une vraie force.
Et c'est quelque chose que lorsqu'on le reçoit, c'est pour soi. Ça nous appartient pour toujours. Donc je crois très fort au pouvoir de la transmission. Et je trouve que pour ça, on a un métier qui est assez beau parce que nous-mêmes, on reçoit beaucoup de connaissances qui nous viennent des Maisons, de nos pères, etc. Et je trouve ça très beau d'avoir comme rôle de devoir le transmettre aux autres. Et ça ne nous enlève rien. Quand on transmet de la connaissance à d'autres personnes, ça ne nous enlève rien.
Dawn Louise Foley
Et c'est vrai que nous aussi, on n'est pas forcément experts, on n'est pas Wikipédia, on apprend comme eux. Donc on apprend aussi, nous, de l'importance justement d'être sur le terrain et d'échanger avec les gens qui sont face à face tous les jours avec nos invités.
Nous avons 27 maisons. Oui, forcément, je connais l'histoire, je connais l'héritage, je connais l'ADN, mais je ne suis pas Wikipédia. Donc j'apprends aussi beaucoup, parce que les tendances, ça change, la demande, ça change. Et c'est vrai que ça, c'est super important pour nous. Donc oui, des moments peut-être où je suis un peu down, je vais juste, moi perso, passer une journée sur le terrain, passer du temps avec eux, avec nos clients aussi, et de se dire, OK, mais en fait, oui, il y a une vraie raison derrière pourquoi on est là.
Sabine - Luxurytail
Moi, quand je suis un peu down, je bois du champagne !
Non, mais c'est vrai, j'aime ce que tu dis, ça fait écho. Parce que maintenant, quand je fais de la formation, je dis toujours, je ne vais pas vous former et je ne vais rien vous apprendre parce que les gens du terrain, ils savent mieux que moi. Mais je vais vous transmettre des informations, vous allez également me transmettre d'autres types d'informations. Et c'est cet échange qui va faire qu'on va grandir ensemble. Et la formation, je ne suis pas là pour leur apprendre, je ne vais pas leur apprendre leur métier, mais vraiment, je vais leur transmettre, que ce soit ma passion, mon énergie, des informations, des tips. Et c'est ça qui va faire la différence dans un training descendant ou dans un training participatif.
Dawn Louise Foley
Je trouve que c'est super important. On aura plus d'informations peut-être sur une petit histoire. Puisqu'on a vécu nous aussi, on a forcément la chance d'avoir pu visiter ces maisons-là, d'avoir pris des moments quand on rentre dans le Paradis Hennessy de se dire, Wow, cette odeur qu'on peut transmettre. Encore une fois, on n'est pas plus experts qu'eux. Limite, c'est eux. Ils sont plus experts que nous. Mais c'est un échange. Je pense que c'est vraiment ça qui est super important. C'est un échange.
Lauranie Nonotte
La richesse des formations, c'est d'apprendre des autres et des retours d'expériences des uns et des autres. En tout cas, moi, à chaque fois que je vais assister à une formation, c'est ce qui me nourrit le plus, finalement. C'est le partage. C'est vraiment le partage d'expériences des autres.
Sabine - Luxurytail
Dawn, Lauranie. Merci beaucoup. C'était le troisième épisode des Talks du Luxe et du Retail. Un grand merci encore.
Sabine - Luxurytail
Merci à toi.
Dawn Louise Foley
Merci.
Cliquez ici pour voir l'intégralité de l'interview ⬇️
Podcast enregistré le lundi 8 Juillet 2024 au sein du siège Moët Hennessy
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